En attendant la révision de la carte d'urbanisme…
- guillaume jouet
- 12 févr. 2024
- 2 min de lecture
Révision des droits à construire, c'est le moment ou jamais !

La Collectivité prévoit une révision de la carte d'urbanisme. C’est l'occasion de mettre un frein réel à l’urbanisation, en particulier dans certains quartiers sensibles sur lesquels les bétonneurs lorgnent aujourd’hui après avoir saccagé une bonne partie de l'île.
Un point parmi d’autres devrait requérir toute l’attention des élus de la Collectivité : les pourcentages de droits à construire. Ces pourcentages, à zonage identique (Uv, Ur…) sont en effet totalement disproportionnés selon que vous avez hérité d’un petit bout de zion de 250 mètres carrés ou que vous êtes propriétaire de plusieurs hectares.
Voici deux exemples assez frappants qui démontrent la démesure qu'un tel système peut engendrer. Il s'agit de parcelles situées dans le même quartier (je ne donne volontairement ni le nom du quartier, ni les N° de parcelles, ni bien évidemment celui des propriétaires) :
Quatre parcelles d’un seul tenant (unité foncière), pour partie en zone N et pour partie en zone Ur. Les parties Ur, donc constructibles, forment également un seul tenant d’environ 2,2 hectares. Cet ensemble peut obtenir selon le règlement actuel 2 300 mètres carrés de surface de plancher.
Une parcelle d’un peu plus d’un hectare, intégralement classée en zone Ur. Un investisseur, s’il en prenait possession, pourrait prétendre à 1 100 mètres carrés de droits à construire.
Ce qui peut sembler normal sur un immense territoire comme la France est hors-sol sur une île de 24 kilomètres carrés. Un véritable boulevard pour les groupes d’investisseurs, groupes hôteliers mais également et surtout pour les blanchisseurs d’argent sale qui seuls peuvent se payer de telles propriétés, qui plus est avec l’assurance que les règlements d’urbanisme leur garantissent des surfaces de béton inespérées.
Il y a d’autres exemples sur l’île, certains moins extrêmes mais trop nombreux pour ne pas représenter un danger à moyen ou long terme. On sait tous que rien n’est jamais acquis, et que si les propriétaires actuels sont soucieux de ne pas utiliser ces droits à construire, on ne sait rien de l'avenir de ces parcelles…
Alors, décidera-t-on un jour et une bonne fois pour toutes qu’il n’est pas nécessaire de disposer de 500 mètres carrés de villa pour vivre dignement à Saint-Barth ? Osera-t-on affirmer que la vocation d’un terrain n’est pas forcément d’être construit, sur-construit et massacré en surface comme en sous-sol ? Voudra-t-on se souvenir que les riches Américains qui venaient autrefois aimaient avant tout la modestie d’une communauté qui avait fait de ses contraintes économiques et géographiques un véritable art de vivre ?
À bon entendeur.
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